Monnaie romaine
 

 Sous Néron

 Les fouilles
 More info   

les fouilles archéologiques

Entreprises dans tout le faubourg ont permis de retrouver de nombreux vestiges : les uns concernent les habitants (poteries, outils, ...), les autres les restes des nécropoles (stèle funéraire, mausolée, ...). Le long de la Route des Romains, ces fouilles ont mis en évidence des ateliers de tissage, de maréchaux-ferrants, de poteries, de céramiques, de verreries... mais aussi de nombreuses nécropoles comme celles de l'actuel cimetière Saint-Gall de nombreux sites religieux comme ce Mithreum sur le site du temple Saint-Paul, le sarcophage de Florentina à Saint-Joseph, des autels dédiés à Jupiter et à Mercure sur le site des brasseries Gruber. Des débris de tuiles et de briques dont certains sont estampillés au nom de la IIème légion ont été retrouvés dans l'enceinte du couvent des Capucins, tout comme un autel dédié à Epona, déesse protectrice des animaux.


Parmi les nombreuses trouvailles archéologiques faites dans le faubourg de Koenigshoffen, cette stèle du légionnaire Largennius qui a été découverte entre le 27 et le 29 de la Route des Romains.

Les nécropoles : les abords de la voie decumane servaient également de nécropolesavec des tombes à incinération et, à partir du IIIème siècle, à inhumation. Selon l'aisance du défunt, celles-ci pouvaient être une stèle (Cf photo à gauche), voire même un mausolée comme celui d'Auguste à Rome. La tombe qui marquait l'emplacement du corps était généralement en pierre mais était amenée à disparaître relativement vite parce que ce matériau est rare dans la région (il faut au mieux aller le chercher dans les contreforts vosgiens). Seule persistait la stèle proprement dite à cause de son caractère sacré, ceci constituant une chance pour les archéologues.
Quant aux civils, ils utilisaient plutôt des urnes. Quelle que soit la valeur ou la beauté de celle-ci (généralement en verre), elle était soit enterrée en pleine terre, soit protégée par un petit caisson en bois.


Ici ont été retrouvés les vestiges
d'un port romain.

Un port romain : lors du creusement du canal de dérivation en 1938 le long de l'actuelle piste cyclable Maurice Garin ont été découverts les vestiges d'un port romain baignant certainement dans une rivière de 20 à 30 mètres de large. Les restes des radeaux faits de poutres de bois - très bien conservés grâce au loess - permettent d'affirmer l'existence d'activités de commerce avec le pourtour méditerranéen, en particulier un commerce d'olives et d'huile. Le plus grand des deux radeaux découverts faisait 14 m sur 2 m et permettait de transporter 3 à 4 tonnes de marchandises.
Ce port montre bien l'intérêt au début de notre ère pour le commerce avec cette région, ceci en grande partie grâce à la présence sécurisante de la légion romaine durant plus de trois siècles.

Remarque : aujourd'hui, lorsqu'on refait une route à neuf, on enlève le précédent revêtement et on en remet un nouveau. Auparavant, ils remettaient juste des pierres sur l'ancienne chaussée. Ainsi, au fil des siècles, le niveau de la Route des Romains s'est élevée de plus de 3 mètres. Ce constat est particulièrement visible à l'intersection entre la Route des Romains et la rue de l'Engelbreit qui descend très sensiblement depuis le pont de chemin de fer.

Diverses opérations ont été conduites à Koenigshoffen,faubourg de Strasbourg correspondant au site de l'agglomération civile antique d'Argentorate, dont le Decumanus Maximus est conservé sous la route des Romains, principale artère du faubourg. Au n°53, une fouille de sauvetage a permis de poursuivre L'étude des abords de la voie romaine : comme au chantier du "Péridot" (Bilan 91), on a retrouvé le fossé latéral sud du 1er aménagement de la rue et reconnu les installations du IIème siècle, particulièrement marquées dans le sol par l'alignement des caves empiétant largement sur la chaussée.

Trois autres interventions - deux rue des Comtes et une rue des Capucins - ont porté sur les nécropoles situées à l'arrière de l'habitat. Des tombes isolées ainsi que des tombes groupées ont permis d'observer la grande variété des rites funéraires, tant dans les incinérations (enfouissement d'urnes en pleine terre ou usage de cistes en pierre) que dans les inhumations (orientation irrégulière). Rue des Capucins fut mis au jour le soubassement d'un monument funéraire du 1er siècle qui recouvrait la fosse d'une tombe à incinération ; la présence de nombreuses tuiles estampillées de la VIIIème Légion en remploi dans la maçonnerie suggérait la proximité de la tuilerie légionnaire. Le décapage d'un chantier voisin, dans le cadre d'un diagnostic, a révélé la présence de fondations de hangars, attribuables aux installations de cette tuilerie.

A la faveur de ces nouvelles données, il est possible de corriger le schéma du plan de répartition des nécropoles antiques de Strasbourg-Argentorate.
A Strasbourg, rue Hannong, une fouille de sauvetage préalable à la construction d'une cité universitaire a permis de mettre en évidence le phasage de l'occupation romaine qui s'est faite en deux temps dans ce secteur : la partie nord a été occupée dès les débuts de l'établissement romain à Strasbourg (1ère décennie du 1er siècle), une extension vers la partie sud se faisant après le milieu du IIème siècle. Dans le même secteur, ont été mises en évidence des traces de la vie médiévale (fosses du XIIIème siècle, latrines du XVème siècle etc.).
Lors de la réhabilitation (ENA) de la Commanderie Saint-Jean/ancienne prison Sainte-Marguerite, ont été reconnus des vestiges épars du couvent des Trinitaires fondé en 1225 ; lui a succédé en 1372 le couvent des Johannites détruit en grande partie en 1633. Les fouilles ont mis au jour L'ensemble des fondations de ces bâtiments conventuels permettant de redresser un plan levé lors de la démolition en 1633. Un réseau de galeries souterraines transformées en égout a été retrouvé.

L'étude d'un lot important de céramiques des XVIème-début XVIIIème et de carreaux de poêle du XVème permettra d'affiner la datation de ces objets de la vie quotidienne.

En bordure de l'ancienne prison Sainte-Marguerite, la fouille, préalable à l'excavation pour la construction du parking souterrain du futur musée d'Art moderne, a permis de reconnaître les limites sud du couvent des Johannites qui s'étendait jusqu'au mur d'escarpe édifié à la fin du XIVème. Un aqueduc souterrain du XVème servant à alimenter les viviers de la Commanderie a été largement suivi. Le mur de contrescarpe a pu être daté des années 1630, un bastion avancé de 1673 et la crèche de fondation d'un système de vannes d'eau (démonté pour être montré dans les aménagements futurs) date de 1685 (datation par analyses dendrochronologiques). Sur l'un comme l'autre chantier, les fondations des anciens abattoirs du XIXème (plots bétonnés) avaient peu perturbé les vestiges antérieurs.

Surprises archéologiques
Une maison du Ier ou du IIe siècle et une nécropole viennent d'être mises au jour en plein centre de Strasbourg.

CONTENTES, malgré le froid qui gêne beaucoup leur travail, Juliette Baudoux et Sylvie Cantrelle ! Ces deux archéologues de l'AFAN (Association pour les fouilles archéologiques nationales) se réjouissent des découvertes importantes qui viennent d'être effectuées en plein centre de Strasbourg, dans le cadre des fouilles organisées à l'occasion de la construction de la ligne B du tramway.

Une campagne de recherches a été calée sur les travaux du tram B, sur la base des connaissances acquises et de sondages qui ont précédé le lancement des chantiers. C'est ainsi que les archéologues, sous la responsabilité de Marie-Dominique Watton du service régional d'archéologie, ont sélectionné divers sites de fouilles, dont le carrefour rue de la Mésange-rue du Dôme, au bord de la place Broglie. Parce que, jadis, rue du Dôme, se trouvait l'un des axes de circulation principaux du castrum romain, ce camp qui est à l'origine d'Argentoratum, autrement dit Strasbourg.

DE SURPRISE EN SURPRISE

Or, les archéologues sont allées de surprise en surprise. On a d'abord mis au jour une voie probablement médiévale. Sous cette voie médiévale, six squelettes. Le prolongement des fouilles, dans un périmètre délimité un peu plus loin, devant la Banque de France, a ensuite permis d'en découvrir une dizaine d'autres, ainsi que les restes des cercueils où les personnes avaient été enterrées. Les sépultures avaient été partiellement endommagées lors de la construction de la voie médiévale qui les a recouvertes. À l'époque moderne, une petite partie du site a été creusée, mais la nécropole était jusqu'ici inconnue. Les archéologues font le parallèle avec un cimetière découvert autrefois à Koenigshoffen, le long de la voie romaine qui allait du camp romain d'Argentoratum-Strasbourg à Saverne. Il est trop tôt pour dater les inhumations trouvées place Broglie. Elles peuvent remonter au Bas-Empire romain ou au Haut Moyen-Âge. Des anthropologues doivent venir prochainement pour étudier ces sépultures. Sous le niveau d'enfouissement des sépultures, une voie romaine. On savait déjà qu'une voie romaine, qui a eu au moins deux tracés distants d'une trentaine de mètres, passe sous l'immeuble de la Banque de France : c'est l'axe qui menait à Brumath et Mayence. Mais la voie récemment exhumée n'avait, elle, jamais été répertoriée.

ETAT EXCEPTIONNEL

Sous cet axe, entre moins 2 et moins 3 mètres, la plus belle trouvaille : « Un habitat exceptionnellement conservé, datant du Ier ou du IIe siècle après Jésus-Christ », soulignent Juliette Baudoux et Sylvie Cantrelle. Les archéologues ont en effet dégagé les restes d'une maison, dont une partie de murs en terre et bois fait encore une cinquantaine de centimètres de haut ! D'autres traces bien conservées et soigneusement mises en évidence par les archéologues expliquent la technique de construction. L'assise de la maison reposait sur des poutres, qui ont été retrouvées en bon état. Une rainure creusée dans ces poutres permettaient d'insérer des planches. Et de la terre était plaquée de part et d'autre de cette paroi de bois : on édifiait ainsi les murs ! Dans la maison, quelques poteries, dont, dans un angle, un pot entier...

UN ANDOUILLER GRAVÉ

Les archéologues ont aussi découvert beaucoup de restes de poteries, ainsi que ce qui pourrait être un pendentif, en andouiller de cerf, portant gravé un phallus. Devant la maison, un caniveau, bien délimité par des planches de bois. Et, au delà du caniveau, les galets de ce qui était le bord d'une route ou d'une place. Non loin, sur une strate apparemment plus récente, un four. Les archéologues ont encore beaucoup de pain sur la planche. Et les investigations du sous-sol doivent être étendues ur une dizaine de mètres rue de la Mésange, où des aménagements de l'époque romaine ont été repérés par sondage. Et il faut explorer tout le site des dix sépultures devant la Banque de France. Mais le temps imparti aux fouilles est compté. Tous les restes d'habitat seront par la suite de nouveau enfouis. Mais de façon à ne pas être détruits. Puis on fermera le site, au-dessus duquel passera, en 2000, le tramway.

Juliette Baudoux (à gauche), responsable des fouilles du tram, avec Sylvie Cantrelle. Les deux archéologues sont là « dans » la maison du Ier ou du IIe siècle, dont on distingue encore le reste des murs. Le bâti en chapeau de gendarme, derrière, marque les vestiges d'un four. Plus en arrière ont été trouvés une partie des squelettes de la nécropole.

 

Une enfilade de pièces d'habitation et foyer domestique au premier plan rue de la Mésange.
Les fouilles archéologiques liées aux travaux du tram font avancer à grands pas la connaissance de l'histoire de Strasbourg. Et amènent à reconsidérer quelques données bien établies.

" Au fur et à mesure de nos découvertes, on se rend compte que le quartier civil qui accompagnait le camp militaire d'Argentorate était bien plus important que prévu ", témoigne Juliette Baudoux, responsable des fouilles liées aux travaux du tram. Et d'ajouter : " Cela prouve bien le dynamisme économique de l'agglomération dès l'époque romaine... " Les recherches récentes menées sur le site Mésange-Broglie, soit dans le prolongement de la voie principale, actuelle rue du Dôme, qui traversait le camp, le prouvent une fois de plus.

" Le quartier civil qui accompagnait le camp militaire d'Argentorate était bien plus important que prévu "
" Ici, nous sommes hors des murs du castrum, au-delà de la porte septentrionale, et nous nous attendions à trouver une esplanade ", explique l'archéologue. Mais en fait, sur les 280 m2 de terrain exploré, ce sont des habitats gallo-romains qui ont été trouvés sous la voie de circulation. Des habitats qui, d'après leur structure, s'apparentent aux cannabae, petites boutiques d'artisans telles celles que l'on a déjà pu découvrir le long de la Grand'Rue, près de l'Aubette et de Saint-Pierre-le-Jeune.

Habitat et nécropole


Ce qui est étonnant - et les Strasbourgeois qui se sont penchés sur le chantier l'ont constaté -, c'est l'admirable état de conservation d'un habitat qui remonte au Ier ou IIe siècle. Les parties en bois - murs, plancher, revêtement - sont dans un état remarquable lié au degré d'hydrométrie idéal du sous-sol marécageux strasbourgeois.
On a également retrouvé plus de cinquante kilos de poteries dans une fosse initialement destinée à conserver les denrées alimentaires, puis reconvertie en dépotoir à poteries. Autres découvertes : une amphore de vin du sud de la France, une meule à grain intacte, un pendentif en andouiller de cerf gravé d'un phallus...

Les surprises ne s'arrêtent pas là : près de la Banque de France, à 1 m 30 de la chaussée, une nécropole du premier millénaire avec une vingtaine de sépultures, " la plus grande jamais trouvée dans l'ellipse insulaire ", est apparue au jour. Il appartient aux anthropologues de la dater avec exactitude d'après l'étude du mode d'inhumation.


Une maison, dont une partie des murs en terre et en bois atteint encore 50 cm.
En attendant l'exposition

Toutes ces découvertes feront l'objet à l'automne d'une importante exposition ouverte au grand public. Quant au terrain de fouille, il est déjà remblayé, après qu'une protection imputrescible ait été déposée pour isoler soigneusement les strates riches en vestiges. L'équipe de Juliette Baudoux et de sa consoeur Sylvie Cantarelle, de l'Association pour les fouilles archéologiques nationales, n'en est pas réduite au chômage pour autant. Jusqu'à la mi-avril, un nouveau champ d'investigation s'est ouvert sur une soixantaine de mètres situés entre l'opéra et le square Botzaris. Il s'agit cette fois-ci d'étudier des habitats médiévaux accolés à l'enceinte du XIIIe siècle. À cette occasion, curieux et amateurs d'histoire ne manqueront pas de jeter un coup d'oeil dans les entrailles du sous-sol strasbourgeois, provisoirement mises à nu.