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L'armée romaine
Par Gérard Couvert
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Les légions Romaines ont
constitué la première formation humaine organisée structurellement et
fonctionnellement. Après sa disparition il faudra attendre 15 siècles pour
retrouver un telle masse d'hommes animés, ensemble, des mêmes convictions,
agissant, à des milliers de kilomètres les uns des autres, de façon concertée,
obéissant aux mêmes règles, bénéficiant globalement d'un échange d'expériences
et de connaissances. Jusqu'à sa disparition l'armée romaine remplira sa tâche ;
et la fin de l'Empire Romain, est davantage due à des causes économiques,
politiques et morales plutôt qu'à des défaites militaires. La 'Pax Romana' fut
regrettée durant des siècles ; faites pour la guerre, ce sont les légions qui
l'assuraient. Du VIeme. siècle avant notre ère au Veme après, Rome va réunir
puis administrer un territoire immense. Plus qu'un élan guerrier, à la manière
d'Alexandre le Grand, ce sont plutôt des circonstances historiques qui vont être
à l'origine de l'empire Romain ; toutefois les guerres furent nombreuses,
diverses et rudes. Les Rois, la République puis l'Empire de Rome vont façonner
une exceptionnelle machine militaire.
L'armée, instrument d'une
politique.
Très rapidement
l'armée romaine abandonna les caractéristiques des autres forces guerrières de
l'antiquité et fut organisée comme le moyen fort, ultime, de la volonté d'un
état, et non comme le reflet militaire de la société civile. Elle fut :
- permanente, entraînée, disciplinée ;
- formée de citoyens libres ;
- utilisée avec discernement, contrôlée et
glorifiée ;
- sans cesse adaptée à ses adversaires ;
- pourvu d'un équipement perfectionné et
abondant.
La
légion, ou l'esprit de corps.
Pour la première fois dans l'histoire, des soldats ne
sont plus directement liés à une guerre ou à leur peuple. Les légions sont des
unités indépendantes, interchangeables, formées sur un seul modèle ; l'émulation
entre elles sera forte. La légion est une entité fonctionnelle autonome qui
obéit et agit selon des ordres et des raisons dont elle n'est pas la
source.
Le
légionnaire
- c'est un volontaire, il a de 17 à 45
ans,
- il s'engage pour 12,15, 20 et parfois 25 ans
!
- c'est un citoyen Romain, il vote, il a des
droits,
- bien commandé, il est fidèle à son chef,
- il est convaincu du bien-fondé de l'action de
Rome,
- c'est un optimiste qui ne doute jamais de la
victoire,
Les auxililaires,
l'intégration progressive
Toutes
les troupes romaines ne sont pas des légions ; des soldats qui ne sont pas
citoyens romains peuvent s'engager dans des corps auxiliaires. Le service est
moins long, parfois une seule campagne, mais ce ne sont pas des
mercenaires.
En fonction de leur
capacité, de leur désir et de l'intérêt de Rome il peuvent obtenir la
citoyenneté latine, puis devenir Romain en s'engageant dans une Légion. Il
s'agit, à l'époque, d'un titre envié qui permet une grande liberté et
s'accompagne de privilèges importants.
Souvent les auxiliaires combattent avec leurs armes
d'origine, frondeurs des Baléares, cavaliers Germains, archers
Numides.
Un vie bien
remplie
Le soldat romain est bien
nourri, fortement armé, bien équipé, bien payé même en temps de paix.
Généralement il jouit d'une bonne considération.
C'est un solide gaillard, soumis à des exercices
constants ; hormis la guerre il est fréquent que les légions soient utilisées à
construire des routes et des ouvrages d'art.
La discipline est sévère, les combats dangereux, les
maladies fréquentes mais pour beaucoup l'armée est un gage de sécurité, et de
promotion sociale ; de plus à la fin de son engagement le soldat reçoit un
pécule, et dans certains cas une terre à cultiver.
Pour répondre à des menaces, ou montrer sa force l'armée
Romaine déplace souvent des unités d'un bout à l'autre de l'empire. Des Daces
montent la garde sur le Rhin, des Gaulois construisent des fortifications en
Afrique ; être soldat c'est voyager, loin, souvent et à pied ! Mais c'est aussi
une connaissance rare à cette époque.
L'équipement et
l'armement
Ils différent selon
les troupes, leur situation, les lieux et les adversaires. Les auxiliaires
seront toujours moins bien armés que les légionnaires. Généralement les
capacités technologiques des armuriers romains sont supérieures à celles de
leurs ennemis.
L'approvisionnent en armes
et nourriture est régulier car organisé à l'échelle de l'empire ;
l'administration militaire tient un compte des stocks et des besoins et dispose
des ressources nécessaires. Prés de la moitié du budget de l'Empire est consacré
à l'armée. Il y a une standardisation de l'armement qui comprend
:
pour les légionnaires
:
- cuirasse segmentée en fer ;
- bouclier semi-cylindrique ;
- casque en fer ;
- glaive en acier,
- pilum, poignard ;
- tablier, baudrier.
et pour les auxiliaires (hors leurs armes
traditionnelles) :
- côte de maille ;
- casque ;
- bouclier ovale ;
- épée, lance ;
Ces armes sont généralement empruntées à d'autres peuples
et perfectionnées par les Romains ; les améliorations touchent à la fois la
qualité de fabrication et l'adaptation des formes.
pourquoi tant de victoires
Durant douze siècles l'armée Romaine a combattu de
multiples ennemis, souvent très supérieurs en nombre, elle a fait face à
quelques révoltes violentes ; rares ont été les défaites.
Au-delà de l'organisation, de la force psychologique, de
la qualité de l'équipement et de l'encadrement, de l'entraînement, il semble que
la raison principale de cette réussite ait été la cohésion.
démonstration de l'efficacité romaine, le fort est une
ville en miniature : c'est l'exemplarité même de la civilisation romaine qui est
recherchée. Permanent, en matériaux durs, ou provisoire il suit un plan très
élaboré ; en campagne il est construit chaque soir, rassurant et assurant le
repos des légions.
La
légion en guerre
C'est surtout
une légion en marche, souvent 30 km. par jour, parfois le double. Les batailles
sont en fait peu nombreuses, rarement inopinées, l'organisation de leur armée
permet aux généraux romains de choisir les lieux et les moments propices. Une
armée romaine n'est jamais isolée, elle obéit à des plans précis, maintient ses
communications avec l'arrière, applique une stratégie fondée sur le mouvement,
mais n'agit jamais précipitamment.
Sur le
champ de bataille, la capacité manoeuvrière, la supériorité de l'armement,
l'esprit de corps et la confiance en soi rendent les légions pratiquement
imbattables.
Le commandement romain est
économe de ses troupes et il ne les engage pas dans des opérations hasardeuses,
il y a peu de pertes, moins de 5% par an. Les assauts de villes, coûteux en
hommes, sont remplacés par des sièges, plus longs, plus complexes, mais plus
surs et où l'organisation et la technique romaine font
merveille.
Les machines de guerres
constituent une vraie artillerie avec un usage concerté et des troupes
spécialisées.
Le droit de butin est
rarement accordé, et si la magnanimité est une vertu pratiquée aisément par les
chefs Romains c'est parce qu'ils savent se montrer féroces et brutaux lorsqu'ils
sont trahis.
Le
commandement
Les sous-officiers
sont des soldats de métier que leur expérience et leur valeur désignent ; pour
une part ce choix appartient à leurs compagnons d'armes.
Les officiers sont toujours des Romains (même pour les
troupes auxiliaires), la plupart sont des militaires de métier, cependant chaque
romain qui désire avoir une carrière officielle doit avoir exercé un
commandement militaire, il y a donc toujours, dans l'armée, de jeunes officiers
qui forment ainsi un lien avec la société
civile. Rares sont les sous-officiers
qui deviennent officiers, sauf s'il s'agit de nobles de peuples récemment
intégrés.
Les officiers supérieurs sont
nommés par le pouvoir politique et appartiennent à la classe sociale
dirigeante.
Cette hiérarchie peut sembler
étrange, pourtant elle mélange adroitement expérience et fougue, hommes du rang
et aristocrates, professionnels et politiques, Romains et
provinciaux.
Les corps
spécialisés
La technicité de la
légion est telle qu'un important personnel non-combattant la suit, à savoir
:
- la musique militaire (très importante à cause
de l'aspect religieux, et des ordres transmis par sonneries de cors) ;
- les médecins, chirurgiens et vétérinaires (6000
hommes, 600 mules, 200 chevaux) ;
- des forgerons, des menuisiers, des cordonniers
;
- des prêtres, des économes, des cartographes,
des ingénieurs, des fourriers, des éclaireurs, des charretiers,
- il y a aussi des commerçants, des cabaretiers
itinérants, les domestiques des officiers.
Chaque légionnaire est entraîné à
construire des retranchements, des fortifications, des ponts, mais il existe des
unités du génie chargées des tâches les plus spécialisées.
La Legion VIII
AUGUSTA
La mort de Néron (68
ap. J.C.) inaugure une période de toubles. En une seule année (69), quatre
empereurs se succèdent à la tête de l'empire romain : Galba, Othon, Vitellius et
enfin Vespasien.
Tandis que les
légions de Rhénanie se déclarent en faveur de leur propre commandant, Aulus
Vitellius, celles du Danube soutiennent Titus Flavius
Vespasianus.
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Les troupes flaviennes défont les vitelius à
Crémone (octobre 69) puis pénètrent dans Rome (décembre 69) ouvrant ainsi l'ère
des Flaviens.
La VIIIè légion augusta
fait partie des légions fidèles à Vespasien. Venue de Novae (Bulgarie), elle
arrive en Gaule dès 70 ap.J.C. pour s'insatller à Mirebeau (à
25 KM de Dijon).
Elle y construit un camp permanent (22 ha. - 580X390 m) suffisament fortifié
pour ses 5 500 hommes.
Ce camp
légionnaire permet à Rome de reprendre le contrôle d'une région stratégique par
où transitent les échanges entre Bretagne et Germanie. La présence d'une légion
aguérie rassure les alliés traditionnels, Héduens et Sequanes, face aux
turbulents Lingons.
Entre 83 et 86,
tout ou partie de la VIIIè quitte Mirebeau pour s'installer définitivement à
Strasbourg.
Des détachement de la
VIIIè servent en Grande-Bretagne, sur le mur d'Hadrien, à hauteur du camp de
Corbridge. Un umbo de bouclier de la VIIIè, retrouvé dans la rivière Tyne en
témoigne. Il appartenait au légionnaire Junius Dubitatus, de la centurie de
Julius Magnus.
Les fouilles de Mirebeau
(R. Goguey, M. Reddé, R.G.Z.M. 36 1995)
Ces fouilles révèlent que les légionnaires de la VIIIè portaient, au moins
pour une partie d'entre eux, la classique lorica segmentata. Les umbones
retrouvés dans la rivière Tyne (30X26 cm) et à Vindonissa (même dimension)
indiquent qu'ils possédaient le grand bouclier rectangulaire (environ 1,02X0,83
m).
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